Tous les ans pendant les Journées Européennes du Patrimoine, l’exposition Collection d’Art accueille une trentaine d’artisans d’art pour présenter leur savoir-faire dans le cadre majestueux de l’Abbatiale Saint-Ouen à Rouen. Cette année je faisais partie de cette belle sélection ✨
A exposition unique, création unique ! Pour cela, j’ai souhaité créer un bijou exceptionnel et j’ai collaboré avec Coralie Borowski, créatrice de robes de mariée et de soirée, installée au Havre. Coralie m’a prêté une de ses pièces pour habiller mon mannequin, et j’ai imaginé un bijou unique, créé à partir de la dentelle de cette robe.
Je vous partage les étapes de cette rencontre entre textile et métal.

Réflexion autour de la dentelle
Coralie a pu me fournir une chute de dentelle avec le motif complet. Mon premier travail a donc consisté à étudier le motif et choisir quelle partie s’adapterait le mieux à la création d’un collier mais également à l’encolure de la robe.
J’ai réalisé une photocopie du morceau de dentelle et je l’ai mis à l’échelle. En effet, ma méthode de fabrication (retrouvez ici la description de toutes les étapes), conduit à une réduction de 10 à 18% par rapport au gabarit initial. Puis, j’ai découpé le motif complet et différentes parties de celui-ci. J’ai joué avec ces morceaux sur mon mannequin afin d’appréhender les dimensions et le rendu. J’ai également sollicité mon entourage et les amis des Folies sur les réseaux sociaux pour finaliser mon choix.


Les versions A et B ont remporté le même nombre de voix Comme il fallait trancher, j’ai choisi de fabriquer ma version coup de cœur : la version A.
Le défi de la fabrication du collier
Chaque étape de fabrication représentait un défi dans la réalisation de cette pièce.
Il m’a fallu modeler cette grande pièce, c’est-à-dire étaler une grande surface de pâte sans défaut : bulle ou fissure entre différentes couches de pâte. Ensuite, j’ai texturé la surface de la pâte avec la dentelle. Celle-ci présentant beaucoup de relief, j’ai dû jouer avec plusieurs outils pour imprimer toutes les textures et les motifs sans percer ma pâte. Après de nombreux essais j’y suis parvenue. Puis j’ai réalisé des micro-trous correspondant à certains motifs de la dentelle.

Venaient ensuite mes deux étapes de cuisson. La première s’est bien déroulée. La pièce étant plus grande que celles que je fabrique habituellement, il m’a fallu trouver un container adapté à la fois aux dimensions du four et du collier. Une fois ce problème résolu, la deuxième cuisson pouvait commencer. Cette dernière ne s’est pas bien passée, le collier s’est cassé à la jonction de deux motifs et des fissures sont apparues. N’ayant pas dit mon dernier mot, j’ai modelé un deuxième collier pour une nouvelle tentative, qui a elle aussi échouée à la deuxième cuisson …
J’ai utilisé les morceaux de mon premier collier pour tester plusieurs outils et affiner ma technique de perçage pour réaliser les ajours de la dentelle. J’ai également fait des essais de patine mais ceux-ci ne m’ont pas convaincu et ne mettaient pas en valeur les motifs de la dentelle.

Une parure entre dentelle et métal
Suite à mes déboires de cuisson, j’ai opté pour la version B du collier et travaillé les morceaux cassés des deux cuissons en boucles d’oreilles.
Pour des raisons techniques propres à ma matière, j’ai choisi de réaliser ce collier en bronze doré. Afin de faire un rappel des boucles du manteau en dentelle qui sont argentées, j’ai assemblé les boucles d’oreilles sur des crochets en argent massif. Pour le collier, j’ai opté pour des fils câblés de couleurs argenté et doré. Leur résistance et finesse assurent le maintien de la pièce tout en délicatesse autour du cou.

Merci à Coralie qui m’a confié ce magnifique manteau de mariée et a fouillé ses chutes pour retrouver un échantillon de dentelle ! Ce collier, partage de nos deux savoir-faire, va maintenant voyager au gré de nos expositions : salons du Mariage ou salons des Métiers d’Art.
